Hélène Prière, la PsyChoach des Hypersensibles et Haut Potentiel Émotionnel :

J’ai découvert cette fabuleuse personne à travers son interview avec Claire, dans le cadre du podcast : Pépé, le podcast participatif de “La vie en pause” .
J’ai écouté cette interview plusieurs fois en me disant “Mais cette femme est géniale ! Tellement authentique, sincère, vraie ! “
Ses mots ne m’ont pas traversé, ils m’ont remplie… d’amour, de joie, de gratitude… Ils ont fait battre mon cœur un peu plus vite, comme pour me dire : “tiens, ça vibre là”.
Je vous invite à lire ce portrait d’Hélène, en prenant votre temps… Pourquoi pas assis·e dans un bon fauteuil, avec un plaid (ou un chat) sur les genoux, une petite infusion et un peu de musique apaisante.
Pour ceux·celles qui ce sentiraient concerné par l’hypersensibilité et le Haut Potentiel, les mots d’Hélène feront très certainement échos en vous.
Pour les autres, vous apprendrez des choses très intéressantes sur le fonctionnement atypique et peut-être cela vous aidera à appréhender le monde d’une belle manière.
Bonne lecture <3 !
☼ Hélène, je te laisse te présenter ☼
Je crois qu’à chaque interview me présenter est la chose la plus difficile pour moi haha !
Je m’appelle Hélène Prière, je suis psychologue clinicienne, installée en libéral depuis trois ans
et demi. J’habite à côté d’Avignon dans le Sud de la France depuis mes 2 ans et demi mais je
suis née à Dijon et j’ai vécu de mes quelques semaines à mes 2 ans et demi en Nouvelle-Calédonie (Outre-mer). Mon cœur est en France mais mon corps est là-bas.
Je suis Ps(H)y-persensible (comme j’aime à m’appeler) : c’est-à-dire psychologue spécialisée
dans l’hypersensibilité et hypersensible moi-même, mais également haut potentiel émotionnel
(HPE) et surtout, surtout, je suis profondément amoureuse de la Vie et de l’Amour.
« Je suis une femme qu’on dit « à fleur de peau ». Tantôt ces fleurs écorchent, tantôt elles « éf-fleur(ent) » ma peau. Tantôt des roses qui piquent, tantôt des lys qui fleurissent.
Je suis une femme à fleurs de peau, de corps, d’âme et de cœur.
Je suis une femme à fleurs de cœur. » – Hélène

☼ Quel est ton parcours (artistique, emplois précédents) ?
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours ressenti cette « différence » avec les autres.
Lorsque j’étais enfant, je me trouvais bizarre par rapport aux autres, en marge.
J’étais une enfant très authentique, très « vraie », dotée d’une forte empathie pour le monde qui m’entourait, que ce soit humain, animal ou végétal.
Je protégeais les petits insectes, les animaux de la maltraitance des autres enfants, je ne cueillais pas les fleurs car je ne voulais pas les « tuer », j’allais toujours à la rencontre des nouveaux venus dans la classe, je réconfortais ceux qui se faisaient rejeter et les enfants comme les adolescents ou même adultes, venaient se confier à moi.
Cette grande empathie m’offrait une conscience de l’autre très intense, de ce qu’il pouvait
ressentir, conscience de la fragilité de la vie. J’avais un grand besoin de donner du sens à mon
existence. Je me sentais « connectée » à la nature, au monde, à la vie, à « l’univers », comme
une impression d’être là pour une raison.
Vers mes 9 ans je savais déjà que je voulais « aider les autres et que c’est pour ça que je suis
sur terre » (ce sont les mots que j’ai pensés). J’étais une enfant style Zorro, défenseur des
malheureux et servant la justice…
Il était donc déjà évident pour moi que plus tard je ferai un
métier d’aide et très vite le métier de psychologue s’est imposé. J’ai hésité avec celui
d’écrivaine car j’étais une amoureuse de la littérature, des mots, de la poésie (d’où mon Bac L)
mais je savais que je n’en vivrai pas. Et puis tout (vraiment tout) me guidait vers le métier de
psychologue. De plus, avec métier la voie de l’écriture ne m’est absolument pas fermée et,
d’ailleurs, j’espère écrire un livre un jour (ou plusieurs) car c’est l’un de mes plus grands rêves !
J’ai donc fait un Master 2 de psychologie clinique, j’ai été diplômée en 2017. J’ai ensuite, après
deux mois de pause, fait 6 mois en tant qu’AESH (Accompagnante des élèves en situation de
handicap) pour me payer l’installation de mon cabinet que j’ai ouvert un peu moins d’ 1 an après
l’obtention de mon diplôme, 3 jours après avoir fêté mes 25 ans.
Cela fait maintenant un peu plus de trois ans que je suis installée en tant que psychologue clinicienne en libéral et que je ne me consacre qu’à ce métier avec beaucoup de passion et d’amour (même si encore une fois, j’ai quelques autres projets en tête tels que : des ateliers, des formations, l’écriture d’un ou de
plusieurs livres et sûrement d’autres qui vont éclore plus tard…) !
☼ Tu es Hypersensible (HSB) et HPE (Haut Potentiel Émotionnel), quand astu eu décelé cela chez toi ? Peux-tu nous en dire un peu plus sur tes particularités et comment tu les vis au quotidien/ce qu’elles t’apportent ?
J’ai découvert mon hypersensibilité aux alentours de 22 ans alors que j’étais en train de finir
mon Master de Psychologie Clinique. C’est la psychologue qui me suivait qui m’a parlé de mon
Haut Potentiel Emotionnel et de mon hypersensibilité. Quelques années avant, j’avais déjà vu
passer ce mot qui m’avait profondément intrigué, mais je ne m’y étais pas plus attardée car, à
ce moment-là, on en parlait très peu et j’étais la tête dans mes études. C’est donc grâce à ma
psy que j’ai pu enfin mettre un mot sur ce que je vivais.
Cependant, je n’ai pas voulu accepter mon HP au départ et je me suis mise à faire énormément
de recherches sur l’hypersensibilité pendant 3 ans de façon quasi obsessionnelle pour en faire
ensuite ma spécialité. Ce n’est qu’après tout ce temps que je me suis rendu compte que ça ne
me suffisait pas, que je n’avais pas encore toutes les réponses sur moi-même. J’ai alors repensé
à ce que m’avait dit ma psy et je me suis souvenue de l’intelligence émotionnelle qu’elle avait
soulignée chez moi et de mon HPE.
J’ai donc décidé d’enfin accepter d’aller chercher de ce côté-là et c’est à ce moment-là que j’ai,
comme je le dis souvent, ouvert la boîte de Pandore. Un univers immense c’est ouvert à moi, si
bien que j’en ai eu le vertige au début et que j’ai paniqué. Je comprenais que mes réponses
étaient là mais il y avait trop de données dans tous les sens, d’écoles différentes, d’opinions
divergentes, de désaccords voire de conflits sur les termes, les explications, les développements
(notamment le débat du HPI/HPE que je ne développerai pas ici). Et j’ai eu peur.
Alors, j’y suis allée à mon rythme, plus doucement que pour l’hypersensibilité. J’ai fonctionné également à l’intuition en me dirigeant vers les chercheurs, auteurs, praticiens qui me parlaient.
Petit à petit j’ai fait ma propre maïeutique : j’ai dénoué mes nœuds, défait ou resserré des liens et j’ai fait
mon cheminement personnel à travers ce monde passionnément complexe et fascinant. J’ai
trouvé enfin les réponses qui me manquaient avec l’hypersensibilité et j’ai compris, beaucoup
de choses et j’en comprends encore aujourd’hui. C’est ce qui est merveilleux, je ne m’ennuie
pas, j’apprends et comprends encore et encore !

J’ai pu donc « mettre des mots » sur tout ça… Sur ce sentiment d’être différente, bizarre,
anormale. D’être sensible à des choses que les autres ne percevaient même pas : des odeurs,
sons, lumières, des atmosphères, des énergies… Encore aujourd’hui je suis extrêmement
connectée à mes cinq sens et cela peut rapidement me « perturber », m’oppresser, m’envahir,
m’épuiser, m’amener à vouloir m’isoler et ne pas supporter les groupes trop importants (même
si j’ai commencé à apprendre à composer avec et trouver des solutions pour ne pas me laisser
vider de mon énergie) car mon cerveau, atypique x2 (HSB et HP), est surstimulé par tous les
signaux qu’il reçoit et n’arrive pas à les « trier ». On appelle ce phénomène cognitif inconscient
un « déficit de l’inhibiteur latent » (ou Lubow) et cela se caractérise par une incapacité à faire
ce tri dans nos propres perceptions, dans les informations reçues par nos cinq sens, engendrant
une grande difficulté à se concentrer sur une seule et unique source d’information.
Heureusement cette hyperstimulation se manifeste également dans le bon sens ! Les
hypersensibles et HP connectés à leur Emotionnel (un peu moins les HP plus connectés à leur
Intellect) ressentent également les moments de bonheur de façon décuplée ! C’est ce versant-là
qui rend ce trait de caractère si magique. Il m’arrive régulièrement d’avoir envie de pleurer de
bonheur pour des petits plaisirs simples de la vie ou de les ressentir avec une intensité immense
: face à un beau paysage, un coucher/lever de soleil, un petite brise fraîche d’été, un met qui
bouleverse mes papilles, un moment de fou rire, une étreinte avec une personne qui m’est chère,
le chant des oiseaux au petit matin pour réveil, l’odeur du lilas au printemps, croquer dans la
première fraise de la saison, voir les rayons du soleil percer à travers les feuilles, me laisser
bercer par le bruit d’une rivière, savourer le premier sorbet de l’année, danser en oubliant les
gens autour de moi….
En trois mots : me sentir vivante. Et être hypersensible et HPE c’est ça : ressentir la vie sous toutes ses formes, douloureuses, heureuses, magiques, terribles, sombres, lumineuses… avec un sentiment profond de se sentir vivant dans la peine comme dans la joie.
C’est observer le monde avec le cœur grand ouvert pour ainsi, régulièrement, en
apprécier toute sa beauté, sa grâce et me sentir connectée à un grand « tout ». C’est, avec mon
hyperesthésie, savourer la vie de tous mes sens, mon corps, ma tête, mon être. Pouvoir aussi
ressentir la joie, l’amour de façon intense et me sentir ainsi profondément reconnaissante d’être
en vie !
C’est donc en réussissant à faire de l’hypersensibilité une magnifique ressource, un magnifique
atout que la magie peut commencer à opérer… C’est ainsi que j’ai pu la mettre au service de
mon métier de psychologue clinicienne.
☼ Aujourd’hui, tu es psychologue clinicienne, quels services proposes-tu et pour qui ?
Aujourd’hui je suis installée en cabinet libéral à mon compte et je pratique la thérapie de face à face et je fais également des accompagnements à distance, par téléphone ou visioconférence.
J’accompagne essentiellement les atypiques et plus précisément les Hypersensibles et les HPI/E. Mais j’ai également les personnes très sensibles sans être hypersensibles, ou encore des Hyperempathiques, des TDA, des TDAH et quelquefois des personnes atteintes d’autismes.
Mais j’ai encore en suivi aujourd’hui des personnes sans atypismes, qui sont en mal-être de vie,
dans des douleurs émotionnelles fortes ou ayant le besoin d’apprivoiser/d’ouvrir leurs émotions. Je travaille en thérapie de face à face avec une approche humaniste, avec une influence principalement Rodgerienne (l’Approche Centrée sur la Personne de Carl Rodgers), c’est-à-dire avec bienveillance, sans jugement, en accueillant la personne telle qu’elle est, dans une atmosphère de confiance et de contenance. J’essaye ainsi de permettre à mon·a patient·e de trouver ses potentiels, ses forces et ses ressources en lui·elle, pour lui permettre, non pas de le ou la changer mais d’être lui·elle profondément.
Je travaille aussi avec ma propre méthode, avec une approche peu conventionnelle lorsqu’il s’agit du suivi des atypiques car nous ne sommes plus sur une thérapie classique. L’approche est différente et c’est un autre langage, c’est une psychothérapie totalement différente, que nous n’apprenons pas sur les bancs de la faculté et que je pratique à « ma » façon, en exprimant mon atypisme et en parlant cette langue-là avec mes patient·es qui pourront enfin la parler librement aussi et être pleinement eux·elles.
Le problème principal que je rencontre avec mes patient.es est qu’ils·elles pensent qu’ils·elles sont peut-être « fous/folles », que leur atypisme n’est qu’une faiblesse, qu’ils·elles sont « trop » sensibles, inadapté.es à cette société et il·elles se demandent comment « gérer » leurs émotions. Alors qu’en fait, on ne « gère » pas nos émotions comme on gère un « porte-monnaie » ou un compte en banque (qui est le reflet parfait de notre société actuelle), mais on apprivoise ce beau tempérament pour en faire notre plus belle part d’humanité, notre plus belle force, car, oui, ç’en est bien une !
Je les aide à voir ce qu’il y a de beau, d’intéressant, d’utile, de nécessaire à être atypique, je les aide à comprendre que s’ils·elles le vivent comme une faiblesse c’est qu’ils·elles ne sont pas dans la vie qui leur correspond, que ce n’est pas leur atypisme qui les fait souffrir mais la vie dans laquelle ils·elles sont.
Je les aide à découvrir les « forces » et potentiels qu’ils·elles ont en eux grâce à ce trait de caractère et surtout, surtout, je leur fais comprendre que ce ne sont pas eux qui sont « bizarres », « différent.es », et « trop sensibles », mais cette société qui est malade, inhumaine, « HYPOSENSIBLE ».
Eux sont « simplement » restés « HUMAINS » dans une société qui ne l’est plus…
Alors ma question est : « Pourquoi vouloir s’adapter à une société malade, pathogène, hyposensible et inhumaine qui ne pense qu’au rendement, au pouvoir et à l’argent et ne pense plus avec le cœur, l’amour ? » …
☼ En quoi le fait d’être Hypersensible et HPE est un atout dans la pratique de ton métier ?
Voici, selon moi, une liste non-exhaustive des bénéfices, de mon hypersensibilité et de mon HPE dans mon approche thérapeutique :
• Grande mémoire émotionnelle : cette mémoire permet de retenir l’essentiel des histoires de vie que mes patients me racontent, en ayant presque rien à noter. J’ai également une grande mémoire des prénoms, les leurs bien sûr (je n’appelle jamais mes patients par leur nom de famille, je trouve ça très scolaire) mais aussi ceux de leurs proches. Ils sentent ainsi que je m’intéresse à ceux qui peuplent leur vie et donc que je suis attentive à ce qu’ils disent.
• Intuition : l’atypique a bien souvent une intuition très développée qu’il n’écoute malheureusement pas assez. Mais s’il décide de s’y fier, de la laisser le guider, c’est alors qu’il pourra comprendre avec beaucoup plus de profondeur et de rapidité l’état de l’autre car son esprit sera ouvert pour faire des connexions, des liens dans les « noeuds » de l’histoire
de vie de la personne et ce très rapidement. L’intuition est « l’outil » sur lequel je me base le plus depuis que j’ai ouvert mon cabinet libéral, que je me sens légitime et surtout depuis que je me fais confiance à ce niveau-là. Je la laisse être et elle m’est toujours d’une très grande aide.
• Cinq sens : chez l’HS, comme je l’ai expliqué, les cinq sens sont très développés. Cela peut être certains sens en particulier (très souvent l’ouïe ou l’odorat) mais si un ou deux sont « hyper » développés, les autres le seront également très fortement et bien souvent plus que la moyenne de la population car l’HS les utilise avec beaucoup plus d’intensité et se base dessus presque constamment. Cette forte utilisation de mes sens me permet de capter des
signaux sensoriels que les autres ne captent pas. Cela me permet de repérer des signaux corporels (des intonations, des larmes dans la gorge, des voix qui s’étranglent lorsque certains thèmes sont abordés, des tics de corps, des mouvements qui surviennent d’un coup, des regards qui fuient…) qui peuvent me donner des indices essentiels pour orienter mes questions, mon discours, affiner mon approche de l’autre…
• Images mentales : être atypique conduit presque tout le temps à penser en « images ». Pour ma part je pense très peu en mots, contrairement à la majorité de la population, mais quasiment exclusivement en images, incluant mes cinq sens. Lorsque la personne me raconte des moments de sa vie, dans mon esprit je vois les scènes comme si je regardais un film. S’y ajoute les odeurs, j’entends des sons, je ressens des sensations diverses et je suis comme
« transportée » dans l’événement raconté, dans le pan de son histoire que je regarde se dérouler « sous mes yeux » psychique du point de vue de l’observateur. De cette façon, je peux avoir l’impression de vivre avec lui ce morceau de sa vie et peux ressentir de l’empathie pour ce qu’il a pu endurer…
• Forte empathie : cette grande empathie de l’HS est une capacité très utile car elle permet de ressentir les émotions, humeurs, énergies des autres mais aussi les ambiances, atmosphères. Je peux, de cette manière, capter l’état d’un patient avant même qu’il ne prononce un mot et ne rentre dans mon cabinet ou encore celui des gens que je rencontre pour la première fois et dont je ne sais rien. J’ai cependant dû apprendre à me « protéger » de cette capacité emphatique pour éviter de me laisser envahir par mes émotions, en prenant les choses trop à cœur et m’amenant à m’oublier ou me sacrifier pour les autres.
Cette « mise à distance » protectrice je l’ai acquise grâce à mes études de psychologie mais surtout grâce à mes expériences de vie et mon cheminement en thérapie. Je ne me « confonds » pas avec mes patients en ne me laisse pas submerger par une empathie excessive. J’ai appris à appliquer le « comme si » nous étions l’autre de C. Rogers, tout en restant nous-même et en n’oubliant pas que nous ne sommes pas réellement l’autre. Je reste très authentique, mais aussi très professionnelle, tout en pouvant me mettre à la place de mon sujet.
• Bienveillance et authenticité : cette forte empathie m’amène également dans mon métier de thérapeute à être bienveillante avec mes patients, à éviter d’être dans le jugement. Elle permet
aussi une attention plus aigüe à ce que me rapporte l’autre de son histoire et de comprendre
ainsi, avec l’aide de l’intuition dont j’ai parlé juste avant, tout autant le dit que le non-dit.
Grâce à cet investissement attentionnel de l’ordre de presque 100%, je suis en mesure de lui
poser plus de questions, lui montrer tout l’intérêt que suscite chez moi ce qu’il énonce et par
là même lui apporter une certaine valorisation. Se créé ainsi le lien de confiance entre le
patient et moi.
Je lui montre mon intérêt sincère pour ce qu’il me raconte et je m’autorise même à sortir de ma position de « neutralité » (notion et position à laquelle je ne crois pas réellement car selon moi il est impossible d’être entièrement neutre) en parlant également de mon vécu de façon authentique, lorsque je pense que cela peut aider le cheminement de mon sujet, ou encore lui permettre de se sentir compris, « moins seul » dans ce qu’il vit. Il sent ainsi qu’il est en présence de quelqu’un « d’humain » si j’ose dire, car le psychologue apparaît souvent comme déshumanisé, comme immunisé contre tout problème, toutes douleurs, toutes souffrances et difficultés de vie… Je trouve donc bon de rappeler à mes patients que moi-même j’ai été une thérapie (j’ai désormais des supervisions), ce qui les étonne à chaque fois, mais dans le bon sens ! C’est grâce à cette attention, cette bienveillance, cette absence visible de jugement et cette authenticité que mes patients peuvent ne pas craindre d’être eux-mêmes et se sentir libres d’être authentiques, sincères.
• Introspection/réflexion : l’hypersensible et le HP sont des personnes qui passent beaucoup par la réflexion, l’introspection. Utiliser à mauvais escient, cette introspection peut amener à une surcharge mentale, des cogitations intempestives voire des ruminations. Cela peut également l’empêcher très souvent d’agir et de se contenter de « rêver » à ses projets, de ne pas concrétiser ses actions, ses envies… Ce qui engendre beaucoup de frustrations, un sentiment d’échec, de « nullité », d’incapacité à se réaliser, voire des passages dépressifs.
Mais lorsque l’atypique possède une confiance et une bonne estime de soi et qu’il fait taire ses peurs, cette introspection peut l’amener à mieux se connaître, à se remettre en question lorsque cela est utile pour avancer sur son chemin intérieur tout en restant humble. Cela lui permet aussi d’être moins impulsif, d’avoir un meilleur raisonnement car il prend en compte l’ensemble des éléments qui se présentent à lui sans réagir directement par une action trop
précipitée. Grâce à cette façon de penser il s’avère être un élément essentiel dans un groupe et être un conseiller, ce qui manque désormais dans notre société actuelle qui prône le « tout, tout de suite et très vite ». Cette introspection est également un atout essentiel pour cultiver sa curiosité et sa créativité.
• Amour de l’apprentissage : un atypique et notamment le HP peut se lasser très rapidement des choses. Il a constamment besoin de nouveauté, constamment besoin d’apprendre, de découvrir de nouvelles activités, de nouveaux sujets, ce qui lui permet de rester en éveil, de se former sans cesse, d’avoir de l’intérêt pour divers domaines et d’être très créatif !
• Créativité : l’hypersensibilité me sert à être très imaginative dans mes entretiens. Notamment avec les enfants. Je me reconnecte à mon âme de petite fille en y associant ma créativité d’adulte pour tenter d’aborder mon petit patient de la façon la plus ludique possible afin que la confiance se créée et qu’il puisse me parler de sujets plus délicats. Elle me sert également avec les adultes car il me passe souvent par l’esprit des idées « d’exercices » pratiques pour les aider dans leur quotidien, essentiellement dans le domaine de la confiance et de l’estime de soi. Je peux utiliser le dessin, les mouvements du corps ou encore le rire ! Cela se fait en fonction de ce qui me vient intuitivement et/ou de mes connaissances universitaires, personnelles et de la réceptivité de mon patient.
• La capacité de reconnaître et d’apprécier la beauté : cet atout est sûrement ma plus grande force. Je le considère comme un don, un don magnifique, magique même. Depuis que je suis enfant j’ai toujours su voir le beau dans ce qui m’entoure que cela soit dans les détails du quotidien, chez les gens ou dans le plaisir de vivre en général. Il arrive que la douleur, les émotions liées à la souffrance me rendent aveugle à cette beauté pendant quelques temps, mais au fond de moi je sais que c’est là, que ça fait partie de moi et que c’est une de mes plus belles forces. Cette vision du « beau » m’offre la possibilité de détecter la lumière qui réside en chacun de mes patients et de les aider à la faire remonter à la surface pour qu’ils puissent en prendre conscience et se remettre à rayonner, à s’illuminer.
Je veux croire qu’il y a en chacun de nous de la beauté qui cherche à émerger, à être révélée au monde, mais également un désir de « s’aimerveiller » de tout (« s’aimerveiller » : néologisme qui m’est propre et qui consister à aimer s’émerveiller, à aimer le merveilleux de la vie, les beautés et merveilles que le monde peut nous offrir). Je suis persuadée que l’on a tous quelque chose de beau à offrir et qu’il ne faut pas le laisser s’éteindre ou le garder pour soi. C’est en transmettant ma joie de vivre, mon amour pour la vie, ma capacité à voir la beauté dans les détails, en diffusant ma lumière et en détectant le beau qui émane de chaque personne, que je cherche à insuffler à mes patients l’envie de faire, à leur tour, jaillir leur rayonnement. Je crois que c’est le plus beau cadeau qu’il puisse se faire. C’est en voyant cela que j’éprouve la plus grande joie et reconnaissance pour ce métier que j’exerce.

☼ Tu as créé le podcast ”Poupée gigogne” et la chaine YouTube “Les rendez-vous d’Hélène”, de quoi ça parle ?
Pour faire simple :
• Ma chaîne Youtube parle de mon Hypersensibilité, de ma sensibilité et de mes émotions en général, de mon métier de psychologue et de mes moments de vie personnels, d’un point de vue surtout (hyper)sensible.
• Mon Podcast, lui, est plus « sombre », d’où le fait que j’en parle moins, alors qu’il est encore plus libérateur pour moi que mes vidéos YT. C’est mon « Capharnaüm de bord » introspectif, qui parle surtout de mon côté Haut Potentiel et de mes réflexions intérieures. Je m’y dévoile avec beaucoup plus d’intimité, que ce soit dans mes parts de lumières ou dans mes parts d’ombres… C’est un exutoire très cathartique, qui, en plus, peut aider beaucoup de HP à se sentir moins seuls. Les Hs s’y reconnaîtront un peu moins, même s’ils trouveront tout de même des thématiques du podcast qui pourront les guider, notamment plus dans mes parts de lumière. Mes parts d’ombre font plus appel à la part de rébellion du HP.
☼ Quel conseil pourrais-tu donner à quelqu’un qui se sentirait concerner par l’hypersensibilité et le HPE ?
Ne pense pas que ta différence est une faiblesse, parce que tu sais quoi ? Ce sera en fait ta plus grande et belle force ! Et c’est grâce à elle que tu vas t’épanouir et surtout aider beaucoup d’autres en détresse qui auront besoin de toi. Alors, cultive-là, savoure-là, apprends à l’apprivoiser, à l’aimer car elle sera la plus belle part de toi !
Tu le comprendras aussi en faisant des rencontres… de merveilleuses rencontres avec des personnes qui te ressemblent, te comprennent, t’acceptent, t’accueillent comme tu es.
Alors, connecte-toi avec eux et ose parler ta langue ! Parle de tout ton cœur, de toute ta rébellion, de tout ton amour, de toutes tes tripes !!! Sois toi sans peur, sans crainte et laisse exploser tout ce qu’il y a en toi, tout ton univers débordant qui ne demande qu’à être !
P.S : il existe aujourd’hui des groupes, des associations, des sites pour atypiques qui te permettront de pouvoir te « connecter » à d’autres comme toi. Par exemple le site Atypikoo.
☼ Quel est ton projet de rêve (personnel et/ou professionnel) ?
Tout d’abord mon premier rêve professionnel serait d’avoir mon propre cabinet dans ma future maison en campagne, dans une dépendance ou dans un cabanon dans mon jardin, en pleine nature. Ensuite, ce serait de m’occuper de plus en plus des personnes atypiques, continuer à me former, continuer à faire des conférences mais surtout, créer des ateliers. Notamment faire une formation en écriture-thérapie et me former en psycho-poésie pour créer des ateliers d’écriture pour les atypiques. Je voudrais aussi proposer des week-ends/séminaires exclusivement pour les atypiques, dans des lieux en nature.
Et bien sûr, en rêve personnel, comme je l’ai dit, écrire un ou plusieurs livres !
☼ Qu’aime tu faire pendant ton temps libre ?
Parler avec les gens que j’aime, refaire le monde avec eux, être là pour les autres, les guider, regarder une série ou un film qui me bouleverse et me fait ressentir beaucoup d’émotions (exemple série : This is Us et exemple film : Orgueils et Préjugés, Amélie Poulain, La Légende de Bagger Vance, Forest Gump, Her…), lire des livres sur les atypiques, apprendre, faire des formations, écouter des podcasts, me balader dans la nature, rêver les yeux et le cœur ouverts, découvrir des nouveaux restaurants, re-manger encore et encore un plat que j’adore, écouter de
la musique et laisser mon corps danser librement, caresser un chat et me laisser bercer par son ronron, faire des surprises à mes proches, m’émerveiller (ou « m’aimerveiller !) autant que possible, créer, écrire, écrire, écrire et encore écrire (la créativité la plus cathartique pour moi) et surtout rire ! à en pleurer, à en avoir des crampes…
Et bien sûr, aimer, de toutes mes forces en donnant et recevant tout l’amour qu’il y a dans ma vie, autour de moi, dans le monde…

☼ Qu’est-ce qui te rend heureuse ?
Tout ce que je viens de dire en répondre à la question précédente mais, pour résumer, être et parler avec les gens que j’aime, aider, aimer, manger, me promener, rire, écrire, m’« aimerveiller »… Vivre pleinement, tout simplement !
☼ Peux-tu nous raconter un des plus beaux moments de ta vie ?
Alors, des beaux moments de ma vie, il y a tellement que je ne saurais n’en choisir qu’un :
Il y a eu le jour de mon dernier oral de Master 2 de Psychologie avec, à la fin, la remise de mon diplôme, devant les deux professeurs que j’estimais le plus qui m’ont accompagnée jusqu’au bout, ainsi que devant mes parents, personnes que j’aime le plus au monde (avec mon Homme aujourd’hui, mais qui n’était pas encore dans ma vie à ce moment-là). J’ai vu mes deux professeurs et mon père avoir les larmes aux yeux ce qui m’a finalement empêchée moi de pleurer tellement j’étais touchée par eux et que je voulais tenir bon, haha ! Et ma mère qui m’avait fait la surprise de m’acheter un chapeau de diplômé comme celui des universités des USA : c’était qui était mon rêve pour pouvoir le jeter en l’air, ce que j’ai fait !! Ce fût un des moments les plus forts de ma vie, les plus beaux, où j’ai réussi à me sentir fière de moi et où j’ai été entourée de beaucoup d’amour.
Il y a eu aussi, plus récemment, l’anniversaire de mes 28 ans en mai dernier, où mon Homme m’avait préparé un anniversaire surprise à rallonge ! J’ai pu le fêter avec (presque) tous les êtres que j’aime et vivre beaucoup d’émotions fortes (il m’a emmenée à Port Aventura, parc où je rêvais d’aller depuis très longtemps car je suis une dingue des manèges à sensations !) et ressentir beaucoup beaucoup BEAUCOUP d’amour… C’était un âge très important pour moi, très symbolique pour énormément de raisons, que j’idéalisais depuis très jeune et ce fût encore
plus beau que toutes mes espérances ! J’en suis toujours très reconnaissante à chaque fois que
j’y pense…
En fait, un moment « parfait » pour moi ce serait une journée faite d’un sublime mélange d’amour, d’aide, de sentiment d’utilité, de connexion à la nature, au vivant, de créativité, de connaissance, de transcendance, de spiritualité, de joie, de fou rire, de question existentielle et de régression infantile, de danse, de musique, de retour à la terre, de plaisirs sensuels quels qu’ils soient (nourriture, senteurs, baisers, câlins, massage…), de symbiose… En somme, une journée où je suis pleinement et puissamment vivante (force de l’hypersensible) !
☼ Aurais-tu une citation, une phrase, une parole de chanson, que tu aimes particulièrement et qui résonne en toi ?
Il y en a beaucoup trop haha ! Je vais vous mettre en premier celle qui résonne comme mon
mantra de vie :
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » – Paul Eluard
Et deux écrits qui résonnent dans mon côté atypique :
“Les personnes sensibles sont faites ainsi : elles font tout avec le cœur et même si elles en ont des cicatrices, elles ne changeront jamais, elles continueront à faire tout avec leur cœur parce que ce n’est pas un choix, c’est une façon d’être, une façon de vivre.” – Agostino Degas
•
Le courage
“Avoir du courage ne se manifeste pas toujours par des actes héroïques d’envergure.
Avoir du courage, c’est se respecter assez pour savoir dire non, plutôt que de céder aux demandes qui ne nous conviennent pas.
C’est accepter de reconnaître la réalité même quand elle fait mal.
C’est se relever des coups durs, encore et encore et encore, parce que rien ne peut nous détruire sans notre consentement.
C’est se montrer vulnérable, alors que les masques seraient si faciles à remettre en place pour nous protéger.
C’est parfois avancer dans le vide, même avec la peur au ventre, parce qu’on sait qu’il y aura toujours un soutien, un appui quelque part, même si nous nous croyons seuls.
Le courage fait toujours équipe avec la peur, parce que l’un n’existe pas sans l’autre.
Faire preuve de courage, c’est accepter d’être imparfait et s’aimer quand même, parce que le courage est l’une des plus grandes preuves d’amour envers soi-même.”
Diane Gagnon
Et un petit mot doux de ma part (Hélèné) pour la fin :
« Si un jour quelqu’un vous dit que vous êtes “trop” sensible, dites-vous simplement que c’est tant mieux car si vous êtes “trop” sensible c’est que vous pouvez donc offrir beaucoup de votre joie de vivre, de votre écoute, de votre bienveillance et surtout donner beaucoup de votre amour et aimer profondément et l’on n’aime jamais trop ! Alors continuez d’être “trop” sensible car si vous l’êtes c’est que vous pouvez donc donner de l’amour à ceux qui ne savent pas s’en donner ou qui ne sont pas assez aimés et qui en ont besoin… N’est-ce pas magnifique ? Alors ne cessez jamais d’être sensible de lever vos épées et vos glaives faits d’amour, d’engrais et de rêves, d’unir vos lumières, en rayonnant de tout votre être, pour continuer à vous
« aimerveiller » et « aimerveiller » les autres ! »
Pour celles et ceux qui sont intéressé·s par mon accompagnement :
→ Vous pouvez m’envoyer un petit mot tout doux en me disant que vous avez besoin d’être guidé, accompagné et je me ferai un plaisir de le faire ! <3
→ Je consulte à mon cabinet en présentiel à Caumont-sur-Durance (84510) à côté d’Avignon mais aussi à distance par téléphone ou Visio-conférence car je souhaite pouvoir aider le plus de monde possible !
Pour suivre le travail d’ Hélène ou la contacter :
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Mail : heleneprierepsychologue@gmail.com
Téléphone : 0609677423
→ Son interview avec Claire, dans le cadre du podcast : Pépé, le podcast participatif de “La vie en pause” .
Interview menée et écrite par Amoun – Artiste peintre et illustrations en Bretagne.